Une proposition créée par Christine Kristof et l’associationAnimaTerra
Cette balade sensible et contemplative en nature s’appuie sur des extraitsde Laudato Si’ (du Pape François) et dela dynamique du « Travail qui Relie », une approcheglobale et une méthodologie de transformation développée par Joanna Macy (philosophe et écospychologue) pour nous accompagner dans une réconciliation avec laTerre et le Vivant. Le parcours proposé suit une spirale naturelle en quatre
temps : 1- S’ancrer dans la gratitude pour la vie et développer notresens de l’émerveillement, 2- Reconnaître et honorer notre peine pour le monde et éprouver notreinterdépendance avec les autres vivants, humains et autres qu’humains, 3- Changer de vision et regarder le monde avec des yeux neufs, 4- Retrouver notrepuissance d’agir ets’engagerdans une action juste.
Ce parcours permet d’expérimenter notre lien d’interdépendance avec lemonde dans l’émerveillement et la compassion et de contacter les ressources précieuses à l’intérieur de nous pour nous mettre en mouvement. Cette balade sollicite toutes les dimensions de notre être connecté à la Nature et à Dieu.
Elle peut être un levier puissant de reconnexion, de conversion et d’action
vers un monde qui choisit de soutenir la vie plutôt que de la détruire.
*Compter une heure trente (au moins) pour vivre cet atelier
S’ancrer dans la gratitude pour la vie et développer notre sens de l’émerveillement
A- A l’orée de cet espacede nature où nous désirons effectuer cette balade (forêt, jardin, parc, bord de
mer ou de rivière…), prenons le temps de nous arrêter et de porter notre attention sur ce « seuil » entre l’espace « ordinaire » et l’espace « con-sacré ». Nous pouvons également, si le cœur nous en dit, saluer les « habitants » des lieux - arbres, plantes, animaux, éléments visibles et invisibles… en leur présentant
qui nous sommes, le pourquoi de notre présence et notre intention du moment avant d’aller plus avant.
Lectures : « Dieu a écrit un beau livre « dont leslettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans l’univers »… « Des vues panoramiques les plus larges à la forme de vie la plus infime, la nature est une source constante d’émerveillement et de crainte. Elle est, en outre, une révélation continue du divin » - Laudato Si’ - §85 […] « Toutl’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu,de sa tendresse démesurée envers nous. Le sol, l’eau, les montagnes, tout est caresse de Dieu ». §84.
B- Nous choisissonsd’être dans un silence propice à l’écoute et à la contemplation. Dans cet état de disponibilité et de respect, nouspouvons nous ouvrir à la diversité et à la beauté de ce qui nous entoure. Au hasard de notreavancée dans l’espace de nature que nous découvrons à « pas de loup », nous pouvons prendre soin de poser sur chaque élément rencontré notre regard au moins 10 secondes (ou plus). Nous pouvons ensuite approfondir en entrant dans la contemplation en détail d’une fleur, d’un arbre, d’une feuille, d’un insecte… comme si notre œil devenait un microscope (en saisir par exemple la couleur particulière, la forme, la texture, le parfum…) et nous laisser inspirer par cette phrase. « Quand nous prenonsconscience du reflet de Dieu qui se trouve dans tout ce qui existe, le cœur expérimente le désir d’adorer le Seigneur pour toutes ses créatures ».Laudato Si’ - § 87. Nous pouvons aussi commencer à toucher délicatement cet élément avec notre main, le caresser…. en sentant les reliefs, les aspérités, la densité, la chaleur….
C- Cette étape nouspermet de relâcher notre mental, d’entrer dans une dimension d’écoute et de réceptivité propice au jaillissement de la gratitude pour la vie, à l’émerveillement pour tant de beauté et la compréhension que tout est don précieux de Dieu, comme le dit le Pape François : « Lacréation peut seulement être comprise comme un don qui surgit de la main ouverte du Père de tous… » §76
Reconnaitre notreinterdépendance et honorer notre peine pour le monde
A- Dans laconscience plus fine de nos perceptions, nous sommes plus à même d’accueillir
ce qui vient et d’entrer en résonnance empathique avec le vivant autour de
nous, mais aussi au-dedans de nous. Dans cette même démarche d’ouverture et
d’écoute, nous pouvons nous laisser appeler par un lieu particulier – une
clairière, un tapis de mousse, la souche d’un arbre, le sommet d’une colline … et
choisir de nous y asseoir pour une quinzaine de minutes en silence (et si
besoin les yeux fermés). Nous prenons conscience de notre respiration partagée
avec les arbres, les plantes et tous les êtres vivants sur notre planète. Dans
cet espace nous pouvons imaginer que nous ne sommes pas seuls - les personnes qui sont venues avec nous enbalade bien sûr, mais aussi les présences que l’on ne peut voir qu’avec le cœur ;
sentir, pourquoi pas, la présence duChrist à nos côtés, assis sur une souche ou un tronc d’arbre. Nous pouvons
écouter les bruits, les sons et les « paroles » qui viennent à nous –
des plus lointains aux plus proches, jusqu’à entendre les propres battements de
notre cœur.
Lecture : « Créés par le même Père, nous et tousles êtres de l’univers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une
sorte de famille universelle, une communion sublime qui nous pousse à un
respect sacré, tendre et humble…Tout est lié, et, comme êtres humains, nous sommestous unis comme des frères et des sœurs dans un merveilleux pèlerinage,
entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous
unit aussi, avec une tendre affection, à frère soleil, à sœur lune, à sœur
rivière et à mère terre ». Laudato Si’- §89
B- Dans cet état de disponibilité, nous pouvons alors nous prêterà l’exercice suivant, qui peut être effectué seul (intérieurement) ou deux à deux à tour de rôle. Nous sommes invités àcompléter la phrase suivante : « Aujourd’hui,la perte écologique ou la cause qui m’affecte le plus dans le monde, c’est…. »en prenant le temps de répondre avec sincérité durant 2 ou 3 minutes. Puis, faire
de même, en complétant cette phrase :« Quand je pense à cette perte ou cette cause, je me sens… (enlaissant émerger les émotions sans chercher à les réprimer.
Lecture : « L’interdépendancedes créatures est voulue par Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite
fleur, l’aigle et le moineau : le spectacle de leurs innombrables diversités et
inégalités signifie qu’aucune des créatures ne se suffit à elle-même. Elles
n’existent qu’en dépendance les unes des autres, pour se compléter
mutuellement, au service les unes des autres » - Laudato Si’§ 86.
C- Ce type depratiques nous autorise à ouvrir les yeux sur l’état du monde tout en nous permettant
de contacter nos émotions profondes sans peur du jugement. Cela nous ouvre les
portes de la compassion et nous permet d’être touchés en profondeur tout en
développant la compréhension de notre interdépendance avec tous les êtres et
notre désir d’agir pour eux. Comme le dit le Pape François : « L’objectif
n’est pas de recueillir des informations ni de satisfaire notre curiosité,
mais de prendre une douloureuse conscience, d’oser transformer en souffrance
personnelle ce qui se passe dans le monde, et ainsi de reconnaître la
contribution que chacun peut apporter ». Laudato Si’§19
Changer de vision etregarder le monde avec des yeux neufs
A- Dans cetespace de nature qui nous accueille et nous ressource, nous pouvons poursuivre
notre chemin, si possible en silence, en marchant doucement, en élargissant
notre champ de vision, telle une chouette, de façon à considérer des éléments
que nous n’aurions pas vu autrement. Nous pouvons nous interroger sur lescauses profondes de la destruction de la nature et de nos
« résistances » à la conversion écospirituelle. Nous pouvons aussi
nous demander quelles attitudes intérieures nous aideraient à construire cette
« nouvelle solidarité universelle » et à cheminer dans l’unité avec
le Christ.
Lecture : « Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défienvironnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et
nous touchent tous… Les attitudes qui obstruent les chemins de solutions, même parmi lescroyants, vont de la négation du problème jusqu’à l’indifférence, la résignation facile, ou laconfiance aveugle dans les solutions techniques. Il nous faut une nouvelle
solidarité universelle ». Laudato Si’, §14.
B- Dans laconscience accrue d’appartenir à cette grande famille cosmique, nous pouvons
choisir d’entrer en relation avec une créature en particulier que nous croisons
et qui nous « interpelle » : une fleur, un arbre, un oiseau, une
abeille… et nous poser avec elle. Nous pouvons alors amorcer un véritable
dialogue d’être à être (en faisant fi de nos résistances ou nos « qu’en dira-t-on ? ») etnous autoriser à lui poser des questions … et écouter ses réponses en
retour. « De quoi aurais-tu besoin pour te sentir pleinement
reconnu ? », « quelles sont les plus grandes menaces auxquelles
tu te sens confronté ? », « quelles seraient les
« solutions » que tu nous proposerais pour mieux prendre soin de toi,
et du vivant en général ? » … ou toute autre question inspirée par la
bienveillance et le désir d’entendre le monde « muet ».
Dans unsecond temps, après avoir «écouté » les paroles de Dieu dans la nature,
nous pouvons prendre un temps de repentance sincère pour toutes les actions sans
conscience, qui sont sources de blessure ou de rupture avec la nature,
tels les « Frères Karamazov »de Dostoïevski : « Mon frère demandait pardon aux oiseaux ;cela semble absurde, mais c’est juste, car tout ressemble à l’océan, où tout
s’écoule et communique, on touche à une place et cela se répercute à l’autre
bout du monde. Admettons que ce soit une folie de demander pardon aux oiseaux,
mais les oiseaux, les enfants et chaque animal qui vous entoure se sentiraient
plus à l’aise si vous-même étiez plus digne que vous ne l’êtes maintenant, si
peu que ce fût. »
C- Cetteétape, en nous autorisant à changer notre posture habituelle (domination,
anthropocentrisme, jugement, peur…) et à adopter un point de vue plus humble et
plus juste (plaçant le Christ et la Vie au cœur), nous permet de sortir des
ornières où notre culture ou nos habitudes de penser nous enferment trop
souvent. En acceptant de demander pardon, en retrouvantune véritable humilité dans la fraternité renouvelée avec la Création, nous
nous rapprochons également du Créateur. Le pardon, ence sens, peut nous conduire à voir lemonde avec des yeux neufs, ceux d’unenfant ou d’un sage, ou comme le dit SaintBonaventure, à retrouver un certain état d’innocence à l’image d’un Saint-François
d’Assise.
Retrouvernotre puissance d’agir et s’engager dans une action juste
A- Nous reprenons notremarche dans la nature, les sens ouverts à tout ce qui se présente, conscients
de notre respiration, des pas que nous posons comme des gestes de paix sur la
Terre et de la proximité fraternelle avec toutes les créatures. Reliés à notre
corps (par la marche et le souffle), à notre cœur (à travers la reconnaissance
et l’accueil de nos émotions) et à notre esprit (par la conscience de notre
reliance au Divin), nous pouvons retrouver dans cette alliance renouvelée, la
force d’aimer et d’agir.
Lecture :« Cette contemplation de la création nous permet dedécouvrir à travers chaque chose un enseignement que Dieu veut nous transmettre,
parce que « pour le croyant contempler la création c’est aussi écouter un
message, entendre une voix paradoxale et silencieuse » Laudato Si’,§85.
B- Dans cette nouvelle disposition d’esprit,nous pouvons envisager avec joie de devenir nous-mêmes les acteurs de cette
conversion écospirituelle. La proposition en cet instant consiste à s’arrêter,
debout en un endroit propice, et à se laisser inspirer et guider par plus grand
que nous (le Christ, notre saintprotecteur, le Divin en nous…) Animés par notre Guide, nous faisons un premier
pas en avant (sans laisser la place au mental) et contactons notre désir de
conversion et la « cause » écologique qui nous touche tout
particulièrement (celle du premier exercice ou celle qui vient à l’instant).
Puis, toujours relié à notre Guide, nous avançons encore d’un pas en répondant à
la question : « Quel acte puis-je poser comme premier pas
symbolique pour agir en faveur de cette cause (en rentrant de ma balade, puis
la semaine et enfin le mois suivant cette balade). Nous pouvons encore avancer
d’un pas en répondant à cette question : « quels sont les obstacles
qui pourraient obstruer cette réalisation ? ». Enfin, nous effectuons
le dernier pas de ce parcours symbolique en laissant émerger la réponse à cette
question : « Comment, et avec quelles ressources, Dieu m’appelle-t-il à me mettre à « sonService » pour défendre la Vie »?
C- Cette étape cruciale nous permet de conjuguerl’effort et la grâce, de nous mettre au service de la Vie, non avec notre petit
moi, mais accompagnés par la force de l’Esprit Saint. Dieu a besoin de nous
pour agir et être les gardiens de Sa Création. Nourris par les paroles de Dieu
présents dans la nature, la force de notre désir, la lucidité face à l’état de
la planète et l’espérance ancrée dans la foi, nous pouvons retrouver notre
puissance d’agir de façon durable, féconde et légère pour construire un monde
qui soutient la Vie, la beauté, la fraternité et l’amour.